Socrate
Socrate est né 1534 ans avant les jeux olympiques d'Athènes,
au même endroit. Son père était sculpteur, mais on ignore ce qu'il sculptait
exactement. Quant à sa mère, elle exerçait la profession d'infirmière, mais
d'après les documents que l'on possède sur les pratiques médicales de l'époque,
elle aurait eu du mal à décrocher un rôle dans "Urgences". A noter
qu'elle sculptait elle aussi, à ses moments perdus, ce qui laisse à penser que
c'était une infirmière très libérale. Socrate mène une enfance normale sur
laquelle on ne sait absolument rien, suivi d’une adolescence sur laquelle on
n’est pas plus renseigné. On peut cependant supposer qu’il a traversé ces deux
épreuves sans trop de problèmes, puisque quelques années plus tard c’est adulte
qu’on le retrouve , à Delphes, équipé de tous les attributs qui caractérisent
en général un homme, un vrai : voix chaude et profonde, barbe fournie,
poils aux pattes, etc.
Que fait-il dans cette ville ? Pas grand-chose, à vrai
dire, si ce n’est traîner à droite, à gauche, se promener sur la plage et
regarder pousser sa barbe. En somme, il se laisse vivre.
Un jour, l'oracle de Delphes (un type qui se cachait
derrière une statue et racontait n'importe quoi en échange de quelque
nourriture) déclare que Socrate est le plus sage des hommes. Stupeur de
l'intéressé qui commence par dire: "OOOOh l'autre! Mais non pas du
tout!" puis qui réfléchit un peu et finit par déclarer: "Je ne sais
rien de plus que les autres hommes, si ce n'est qu'ils croient savoir quelque
chose et que je sais que je ne sais rien"*. En d’autres termes, Socrate se
présente comme un imbécile heureux et fier de l’être.
Jean Gabin, un Socrate
sans la barbe
Fort de son savoir (c’est-à-dire: rien), Socrate commence,
avec un courage qu'il faut saluer, à enseigner aux hommes leur ignorance.
Ainsi, il va nu-pieds dans les rues d'Athènes, habillé comme un malpropre, pas
rasé, pas lavé, tentant de convaincre tout un chacun qu'il ne sait rien du
tout. Comment s'étonner après cela que les enfants lui lancent des pierres?
Au début on le laisse faire, car on le prend un peu en
pitié. Mais peu à peu des bandes de jeunes désoeuvrés commencent à s'intéresser
à son enseignement, d'autant qu'il ne nécessite que très peu de facultés
intellectuelles. (Socrate: "Les gars, faut savoir un truc, c'est que vous
savez rien...", les gars: "Ouaiiiiiis!")
Arrive ce qu'il devait arriver: excédé par les bruits de
mobylette qui pétaradent dans les rues endormies jusqu'à plus d'heures, les
Athéniens se plaignent, le parti démocratique l'accuse de pervertir la
jeunesse. En 399 Socrate est condamné à boire la cigüe. Au début, il n'est pas
contre car il est persuadé qu'il s'agit d'une nouvelle boisson du genre
"smart drink" dont raffole tant les jeunes. Il déchante lorsqu'on lui
apprend que c'est en réalité du poison, destiné à le faire mourir dans
d'atroces souffrances.
Face à son manque d'enthousiasme, la police athénienne
menace de lui arracher les poils de sa barbe un par un s'il n'avale pas le liquide
sur le champ. Un policier, plus gentil que les autres, lui propose de lui
pincer le nez, car la cigüe sent très mauvais.
Socrate cesse donc de chouiner, boit le poison et meurt.
Le plus beau est que notre philosophe, durant sa longue vie,
ne s'est pas donné la peine d'écrire une seule ligne. Du coup, ses propos proviennent
exclusivement du bouche à oreille, de vagues "on dit" et de cancans
athéniens, ce qui laisse planer un doute sur la véracité de leur contenu.